« Un iota qui change tout ! »

Un iota qui change tout !…

Le sermon sur la montagne

Le sermon sur la montagne.

Mt 5, 17-37

 » Que votre parole soit ‘oui’, si c’est ‘oui’,
‘non’, si c’est ‘non’.
Ce qui est en plus
vient du Mauvais. « 

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Homékie du jour

de Fr Jean-Marc Gayraud:  » Un iota qui change tout !  »

Version phonique:.

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Version écrite:

 » Un iota qui change tout ! « 

   C’est bien connu, le diable se niche dans les détails. Mais c’est sans doute parce que le bon Dieu s’y trouve aussi. Et comme vous le savez, la vie est faite de mille petits détails qui peuvent vous la rendre bien agréable ou bien pénible, suivant le traitement réservé à ces détails. Entre le noir du manquement et le blanc de l’accomplissement, les détails dépeignent la vie avec mille nuances de gris entre les deux. Le petit boulon de la voiture n’avait pas été bien vissé et le drame est arrivé. Il manquait la cerise sur le gâteau et la fête a eu comme un goût d’inachevé.

   Il en est un peu de la loi par rapport à ses iotas comme de la vie par rapport à ses détails. La loi accomplie, c’est la loi avec ses iotas. Un iota, c’est un petit rien qui ne modifie pas le contenu fondamental de la loi mais qui lui donne ce petit plus, ce surcroît d’âme qui change tout. Il ne s’agit pas de se perdre dans les détails mais de faire des mille détails de la vie l’expression, le signe du vrai sens de la loi. Ils permettent d’ancrer dans la vie ce chemin de vie qu’est la loi du Seigneur. La pratique de la loi est en effet chose… très pratique ! Comme la vie.

   De quel accomplissement les détails de la vie peuvent-ils donc être le signe, moins les détails en réalité que ce que nous en faisons ? Ils peuvent exprimer ceci que la loi est faite pour l’homme et non pas l’inverse, que celle-ci ne doit pas être un carcan mais un chemin de vie. Ils peuvent traduire ce passage du légalisme à la liberté, du calcul à la gratuité, de la loi à la grâce, de la contrainte à l’amour, de la préoccupation de soi à l’attention aux autres. Ceci concerne frères et sœurs notre vie la plus quotidienne, dans ses rapports quotidiens avec les autres.

   Jésus nous rappelle, à travers les exemples qu’il développe, que l’accomplissement de la loi ne relève pas d’abord du souci d’être en règle, de prétention à un pratique sans reproche, voire à une intégrité personnelle. C’est l’intérêt désintéressé pour l’autre qui compte. C’est la pureté d’intention qui prime. Bien plus, c’est par rapport au prochain que se décide ma vie. Autrui n’est pas seulement celui à qui je ne dois pas faire de tort mais celui qui engage ma vie. Rien moins que l’appel de Dieu sur moi se joue aussi à son égard et sous son regard.

    » Il vous a été dit, mais moi je vous dis  » : le Christ est en personne l’accomplissement de la loi. Désormais, c’est Lui que nous rencontrons, auquel nous sommes unis, que nous rendons présent au monde par la mise en pratique de ce chemin de vie qu’est la loi du Seigneur. Le sens ultime de la loi révélé dans le Christ peut se résumer ainsi : c’est en aimant Dieu que je peux aimer le prochain en vérité et c’est en aimant le prochain que je peux aimer Dieu en vérité. Telle est cette justice selon le cœur de Dieu qui surpasse infiniment celle des scribes et des pharisiens. Telle est la loi d’amour de notre Dieu.

   Un profond renversement s’opère alors. Car nous disions que la loi ne pouvait s’accomplir sans ses iotas. En vérité, un seul petit iota suffit désormais à accomplir toute la loi. Un seul petit acte d’amour pur et désintéressé est par lui-même accomplissement de la loi. Bonne nouvelle : il n’est donc pas nécessaire d’atteindre la perfection pour vivre d’accomplissement ! Reconnaître ses manquements, c’est moins être pris en défaut de perfection que se donner la possibilité de poser des actes d’amour qui accomplissent notre vie selon le cœur de Dieu. Figurez-vous que Dieu aime bien plus cela de nous que de nous voir tout de go en état de perfection. C’est là son affaire, mystère du salut. Le gâteau n’était pas parfait mais que la cerise était belle ! La voiture était pas mal cabossée, mais le petit boulon avait été bien vissé. La fête était réussie, le but atteint.

   Morale de cette histoire : faites chaque jour ce petit chouia, pardon, ce petit iota d’effort, d’attention, d’oubli de soi, de souci d’autrui. En pure gratuité d’amour pour Dieu et pour vos frères. Et si cela vous coûte quelque peu, c’est encore mieux, la preuve d’amour n’en sera que plus grande. Grosse cerise sur le gâteau : l’ingratitude en prime. Vous serez alors sur le chemin de vie et chaque jour verra s’accomplir en vous quelque chose du salut du monde. Amen.

Fr Jean-Marc Gayraud o.p.

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