Nous avons trouvé le Messie !

14 janvier 2024 – 2e dimanche du T.O., année B
1 S 3, 3b-10.19 ; Ps 39 (40) ; 1 Co 6,13c-15a.17-20 ; Jn 1,35-42
Homélie du frère Damien Duprat



« Nous avons trouvé le Messie ! » Le Messie, le Christ, c’est-à-dire le Sauveur promis par Dieu, que tout le peuple d’Israël attendait depuis des siècles ! Les bergers de Bethléem ont reçu la visite d’anges innombrables dans le ciel qui ont chanté la gloire de Dieu et qui leur ont désigné ce Sauveur attendu dans l’enfant de la crèche. Une trentaine d’années plus tard, au moment où Jean baptise Jésus dans le Jourdain, le spectacle n’est pas moins impressionnant : les cieux s’ouvrent, l’Esprit de Dieu descend comme une colombe pour demeurer sur Jésus, et une voix retentit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. » Pourtant, dans l’Évangile de Jean, dont provient le texte d’aujourd’hui, ne sont relatés ni le baptême de Jésus ni ces manifestations surnaturelles ; seul Jean-Baptiste déclare avoir vu l’Esprit descendre et demeurer sur Jésus. Les disciples de Jean-Baptiste lui font confiance sur la base du témoignage de sa vie et de sa parole vigoureuse ; et voilà que deux d’entre eux se mettent à suivre Jésus. Ce récit ne nous dit pas en détail ce qu’a été pour eux l’expérience de demeurer quelques heures ce jour-là auprès de lui. En revanche, nous voyons que ce moment a confirmé pour eux la parole du Baptiste, puisque l’un d’entre eux, André, s’empresse d’aller trouver son frère pour lui faire cette annonce inouïe : « Nous avons trouvé le Messie ! »

Ce n’est pas chose facile de mettre toute sa confiance dans un autre que soi. Pourtant, consciemment ou non, l’être humain est un peu comme un naufragé qui a besoin d’une planche de salut, d’un rocher sur lequel il peut prendre appui pour être sauvé. Un rocher : il s’agit là d’une image que l’Écriture sainte aime employer pour parler de Dieu. Un rocher n’est pas œuvre humaine, de même que Dieu n’est pas une invention humaine, même si l’humanité n’a semble-t-il jamais manqué d’idoles. Les prophètes de la Bible nous offrent justement de savoureux passages où ils se moquent des idoles, ces dieux fabriqués par l’homme mais qui ne voient rien, qui sont incapables de faire quoi que ce soit, à la différence du Dieu vivant et véritable qui a déployé sa puissance en délivrant son peuple. Le Seigneur s’est montré au cours de l’histoire digne de confiance, inébranlable comme un rocher sur lequel on peut bâtir une maison.

Il nous faut en effet fonder notre vie sur du solide, c’est-à-dire avoir dans le cœur des raisons profondes de vivre et d’agir ; il nous faut une lumière fiable pour nous guider dans l’existence, et il semble bien que ce fondement dont nous avons besoin soit à chercher hors de nous-mêmes. Ce qui nous dit cela, c’est par exemple notre expérience de vie, qui nous montre que nous sommes tous fragiles et que nous avons besoin les uns des autres; cependant, cette même fragilité nous empêche tous d’être à l’origine du salut de qui que ce soit. Peut-être alors pourrions-nous chercher le bonheur, le salut, dans le monde tel qu’il nous est donné, avec sa stabilité, dans la nature, dans l’univers qui existait avant nous et qui subsistera probablement après notre mort ? Pourtant, malgré la splendeur de ces choses créées, elles-mêmes finiront par disparaître, alors que même sans la foi nous aurions des raisons de penser que l’âme humaine est immortelle. Faudrait-il alors construire nous-mêmes notre salut, par exemple par des moyens techniques ? C’est l’ambition bien actuelle d’un certain transhumanisme. Mais là encore c’est une impasse, car si ce qui doit fonder le sens de notre vie est l’œuvre de nos mains, alors ce fondement n’existe qu’au terme de notre action créatrice, si bien que cette action elle-même en est privée. Bref, nous avons besoin d’un salut qui nous préexiste, qui ne soit pas œuvre humaine, qui soit plus stable que tout être créé. Voilà ce qu’André a trouvé dans la personne de Jésus ! La foi qu’il met en lui en est encore à ses premiers balbutiements, mais il est déjà tout heureux de partager sa découverte avec son frère Simon, pour que lui aussi ait la joie d’en bénéficier !

Dès lors, est-il étonnant que Jésus ait donné le nom de Pierre à celui à qui il voulait confier la garde des mystères du salut ? C’est justement ce Simon, frère d’André, que le Messie a choisi pour fonder sur lui son Église comme sur un rocher solide. Il a promis que cette Église tiendrait bon face aux puissances destructrices du mal et de la mort. Même quand cette Église est défigurée par les fautes des hommes, en elle c’est Jésus lui-même qui se donne, encore et toujours. C’est lui l’unique Sauveur de l’humanité : goûtons le bonheur de l’avoir trouvé !

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