Dès 1205, Dominique – originaire de Caleruega dans la région de Burgos et contemporain de François d’Assise accompagne Diego évêque d’Osma lors d’un voyage qui les mène aux portes de Montpellier. Ils y rencontrent les légats du Pape dont le célèbre abbé cistercien de Fondfroide, Pierre de Castelnau, avec les évêques de la région réunis en synode pour contrer l’hérésie cathare de plus en plus florissante. Cette « rencontre de Montpellier », dont nous venons de célébrer le huitième centenaire, a pu se passer à Castelnau-le-Lez ou plus vraisemblablement dans le quartier de l’actuelle cathédrale. Elle donne aux frères dominicains de cette ville la fierté de penser que l’intuition de l’Ordre des Prêcheurs est née dans notre région : vie commune à la manière des apôtres dans la pauvreté évangélique en vue de l’annonce d’une Parole libératrice.
De 1606 à 1791, les frères prêcheurs habitent à côté de l’actuelle église Saint-Matthieu (rue Saint-Germain) dont ils assurent le ministère paroissial. Ils sont également présents à Clermont-l’Hérault depuis 1596, puis à Celleneuve en 1630. Le couvent Saint-Matthieu fut supprimé en 1791.
Il faudra attendre 1840 pour une renaissance de l’Ordre dominicain en France sous l’impulsion du Père Lacordaire. Le curé de Saint-Matthieu multiplia alors les démarches pour faire revenir les dominicains dans leur couvent dont il était devenu propriétaire, mais il fallut y renoncer car le clergé craignait que les jésuites n’en tirent argument pour revendiquer la basilique Notre-Dame-des-Tables qui était l’église de leur ancien collège (l’actuel musée Fabre). Avec une première vague d’expulsion des religieux de France en 1880 et une seconde en 1903, ce n’est qu’en 1921 que les frères pourront finalement revenir à Montpellier : d’abord Place de la Canourgue dans un couvent restauré en 1920, puis un passage en “maison” Quai du Verdanson, et de nouveau en couvent en 1958 Rue Fabre dans l’ancien couvent des Augustins repris des frères Carmes, où de grands travaux sont réalisés tant dans l’église que dans le couvent dès 1956 (voir l’historique dans la seconde partie du livret).