Pas seulement spectateurs, mais témoins

Prédication du frère Hervé Ponsot pour le Jour de Pâques (sur Jn 20,1-9)

Mes frères, chers amis en ligne, quelle joie de pouvoir proclamer avec vous :
« Jésus est ressuscité ! » Parce que cela veut dire que la vie l’a emporté sur la mort, et c’est une très bonne nouvelle par les temps qui courent. Pour certains, il s’agit déjà d’une évidence compte tenu de ce qu’ils ont vécu, pour d’autres, d’une espérance compte tenu de ce qu’ils pourraient encore avoir à vivre. Mais pourtant tous doivent savoir qu’il ne peut s’agir que d’un point de départ et non d’un point d’arrivée.

Ce qui me frappe en effet dans le texte des Actes des Apôtres qui nous a été lu, c’est cette phrase de Pierre : « Dieu a donné à Jésus de se manifester, non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection ». En d’autres termes, la résurrection de Jésus fut un événement très très discret, et il le reste encore. Reconnaissons-le, aujourd’hui : qui touche-t-il vraiment parmi les 8 milliards d’habitants de notre planète ?

Cette discrétion divine doit nous interroger. Elle pose au moins deux questions : pourquoi n’est-elle pas plus éclatante alors que notre monde a tant besoin d’une vraie lumière pour l’éclairer et le pacifier ? Et pourquoi rejoint-elle un nombre si réduit de témoins ?

A ces deux questions, je ne vois qu’une réponse. Non pas celle que l’on propose parfois et qui souligne que c’est un choix divin, un mystère qu’il faut respecter, parce que cette réponse-là n’en est pas une. Il faut donc en proposer une autre. Je dirais plutôt que Dieu souhaite que la reconnaissance de la résurrection de Jésus soit le fruit d’un choix libre, et plus précisément d’un choix d’amour : cette discrétion de Dieu dont je viens de parler respecte la liberté de l’homme et de tout homme.

Si un homme doit se tourner vers Dieu, cela doit être par son choix propre, en vertu de la reconnaissance de l’amour que Dieu a pour lui, et qu’il a en retour pour Dieu. Et les disciples dont il est question aujourd’hui dans nos lectures, qu’ils aient noms Pierre, Madeleine ou Jean, ont tous fait ce choix au lendemain de la Résurrection, en reconnaissant dans l’événement la manifestation du Dieu amour. Comme il est proposé à tout homme et en tous temps de le reconnaître librement.

Voilà pourquoi je vous disais que la Résurrection n’est qu’un point de départ : elle demande des témoins volontaires de l’amour. Ces témoins ne s’inventent pas d’un coup de baguette magique ou par coercition, ils sont le fruit de la prière, de l’humilité, de la charité, et… surtout d’une rencontre avec Jésus vivant. Et c’est la bonne nouvelle du jour : Jésus est là qui nous attend, il est sorti de son tombeau, il vient à notre rencontre !

Fr. Hervé Ponsot o.p.

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