« Oui… Mais… D’abord… ». Prédication du 13ème dimanche du temps ordinaire

Oui... Mais... D'abord
Homélie dominicale de Fr Denys Sibre. (versions phonique et écrite)

 

 

« Oui… Mais… D’abord… ».
Pour Jésus commence aujourd’hui une nouvelle étape de sa vie, nouvelle étape qu’on appelle « la montée à Jérusalem ».
Jusqu’ici, Jésus a prêché presque uniquement en Galilée, loin de Jérusalem, loin des scribes et des savants qui s’en prendront un jour à sa vie. Par deux fois déjà, il a annoncé sa mort à venir ainsi que sa résurrection qui suivait.
Il aurait pu rester dans sa paisible Galilée. Il aurait même pu s’éloigner en Terre païenne, à Tyr et Sidon toutes proches ou encore aller de l’autre côté du lac. Pourtant nous dit Saint Luc, il prend avec courage et dans une virile décision la route qui le conduira à Jérusalem.
Jésus va donc s’approcher de l’épreuve suprême avec la pleine conscience du prophète qui ne peut mourir en dehors de Jérusalem. Oui, pour lui s’annonce déjà la croix !
Jésus n’a peut-être pas une claire vision de ce qui va advenir dans le détail. Mais néanmoins, c’est avec une détermination et don de soi qu’il prend cette route.
On ne peut que contempler Jésus. Homme libre. Homme courage. Homme abandonné. Homme donné. Homme livré.
Et sur ce chemin qui le conduit à Jérusalem, Jésus se fait proche de toutes celles et de tous ceux qui connaissent souffrances et épreuves de toutes sortes. Sans doute leur donne-t-il les vivres dont ils ont besoin. N’est-il pas Dieu avec les Hommes !
Et pour aller de Galilée à Jérusalem, il faut traverser la Samarie. Jésus envoie deux disciples, Jacques et Jean, en éclaireurs comme pour préparer le terrain. Or, tout commence très mal puisque les Samaritains refusent de le recevoir. Lors de la grande déportation (en 722 av J.C), les Samaritains avaient pu rester sur place et ils s’étaient compromis politiquement et religieusement avec l’occupant. Depuis Juifs et Samaritains se détestaient. Il n’est donc pas étonnant que les disciples de Jésus soient exposés à certaines vexations lors de leur passage obligé par la Samarie.
Jacques et Jean, aux caractères fougueux, réagissent et appellent sur ce village si peu hospitalier le feu du ciel qui réduirait tout à néant. Ils demandent à Jésus d’intervenir. Ainsi celui-ci montrerait de quel pouvoir il est capable !
Et non ! N’aurions-nous pas à certains moments cette idée d’un Dieu fracassant, réduisant à rien les méchants… Cette méthode qui consiste à supprimer ceux qui ne sont pas de notre bord ! Eh bien, ce n’est pas la méthode de Jésus : « Vous ne savez pas dit-il de quel esprit vous êtes ! ». Mais oui, Jésus refuse de s’imposer par une intervention spectaculaire. Non ! Dieu ne détruit pas. Lorsqu’il détruit, c’est le péché. Jamais le pécheur : « Je ne veux pas la mort du pécheur mais qu’il se convertisse et qu’il vive ! ».
Jésus a dû être très déçu par la réaction de Jacques et Jean. Déçu de constater qu’ils ne comprennent pas ce qu’il tente de leur enseigner : La patience à l’égard de ceux qui sont différents de nous. C’est comme si Jésus leur avait dit : » Ne vous excommuniez pas les uns les autres ! Essayez de vous comprendre ! Le chemin des uns est parfois plus lent que celui des autres ! Ne désespérez de personne ! ».
Quelle largesse de vue chez Jésus ! Quel message pour nous. Oui, on peut le dire : Jésus est le non-violent par excellence. Il est venu arrêter le cercle infernal du mal en prenant sur lui le mal sans jamais faire de mal.
Cette non-violence de Jésus n’est pas mollesse. Au contraire, la suite va nous le montrer.
Sur ce chemin qui conduit à Jérusalem, de bonnes volontés s’adressent à Jésus : « Tu sais, ton message nous touche. On veut faire route avec toi. On veut aller avec toi là où tu vas ».
Chacun des trois hommes en question veut suivre Jésus… Avec des conditions… » Oui mais j’ai d’abord à régler ceci… et moi, j’ai d’abord à régler cela… ». La réponse de Jésus peut nous choquer. Les paroles de Jésus ne doivent pas être prises à la lettre, je crois. Ce que Jésus veut nous dire, c’est qu’il y a dans nos vies des moments où toutes nos énergies doivent d’abord être consacrées à suivre le Christ sans délai, sans retard. Parce qu’il y a urgence. Urgence d’annoncer Le Royaume. Oui, il y a des moments dans nos vies où il faut consentir à suivre Le Christ non à 50% mais à 100% – sans jamais regarder en arrière.
Autrement dit, tout ce qui contribue à nous installer, freine inexorablement notre marche à la suite du Christ. C’est toujours vers l’avenir du Royaume que Dieu nous pousse.
Jésus n’oblige personne à le suivre. Mais si on accepte de le suivre, il faut s’attendre à vivre des moments forts.
Vous l’avez bien compris, l’Evangile est toujours aussi beau, aussi neuf, aussi exigeant.
Fr Denys Sibre op

 


Lien vers la liturgie florale de ce jour: « Me suivre à Jérusalem…Oui Seigneur mais… ».