Stabilité de la Trinité

Dimanche 4 juin 2023
Solennité de la Sainte Trinité, année A
Ex 34, 4b-6.8-9 ; Dn 3, 52, 53, 54, 55, 56 ; 2 Co 13, 11-13 ; Jn 3, 16-18
Homélie du frère Hervé Ponsot



Frères et sœurs, en dehors de la finale bien connue de la deuxième lecture, celle qui commence nos célébrations (« Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous »), les textes que vous avez entendus ne mentionnent pas explicitement la Trinité. Ils nous parlent successivement de tendresse, de miséricorde, d’amour, de paix ou de vie. Alors, où est-elle cette Trinité que nous fêtons aujourd’hui ? En fait, elle se cache derrière les mots que je viens de citer.

Prenez celui de paix que l’on trouve à trois reprises dans la deuxième lettre de Paul aux Corinthiens. Nous pensons connaître la paix parce que nous en bénéficions chez nous, au moins pour le moment. Nous ressentons bien pourtant que cette paix-là est un équilibre délicat, instable, qui peut être facilement remis en cause : bien des événements autour de nous ne cessent de le montrer. Et je pourrais dire la même chose de l’amour, ou de la vie, réalités fragiles quand on les lit au seul plan humain.

En effet, quelle est donc la raison de ce manque de stabilité ? Être deux n’assure rien, la balance ira d’un côté ou de l’autre : c’est ce que l’on connaît d’un point de vue humain dans la paix ou dans l’amour. Le troisième pied, pensez à un tabouret et pardonnez-moi la trivialité de la métaphore, assure la stabilité. Ce n’est donc pas de la paix, de la vie, de l’amour tels que nous les connaissons dont parle l’apôtre, mais de réalités qui appartiennent à Dieu, qui le constituent en propre. Et qui sont, elles, stables et durables du fait qu’elles sont fondées en trois personnes, dans la Trinité.

J’y insiste, la plénitude de l’amour, de la paix, de la vie, de la miséricorde, se trouve de manière stable dans la seule Trinité. Celle-ci les partage sous forme de dons avec notre humanité mais, du fait du péché, ces qualités ou ces orientations sont présentes chez nous d’une manière seconde, atténuée et fragile ; elles ne l’étaient pas bien sûr en Jésus, qui n’a pas connu le péché.

En vous disant cela, je ne veux surtout pas vous décourager de viser amour, paix, ou miséricorde, en y engageant tous vos moyens humains. Au contraire, mettez-les en œuvre autant que vous le pourrez : mais n’oubliez pas de les accueillir et de les vivre comme des qualités trinitaires, ce qui leur donnera la stabilité qui pourrait leur manquer au plan seulement humain.

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