Une seule Vie

9 avril 2023
Jour de Pâques
Ac 10, 34a.37-43 ; Ps 117 (118) ; Col 3,1-4 ; Jn 20,1-9
Homélie du frère Hervé Ponsot



Frères et sœurs, que célébrons-nous dans la nuit de Pâques et ses prolongements ? La résurrection de Jésus bien sûr. Mais voilà une information qui passera peut-être au-dessus de la tête de nombre de nos contemporains, tant leur culture religieuse est souvent inexistante. Ne comprendraient-ils pas mieux une annonce comme : « Jésus était mort, et il est vivant » ?

Mort, Jésus le fut vraiment, comme tout être humain le moment étant venu de sa fin. Il le fut au témoignage des soldats veillant au pied de la croix, de ceux qui furent témoins de sa mise au tombeau, ou encore des disciples incrédules et dépités sur la route d’Emmaüs. Pas de doute, Jésus fut bien mort !

Voilà pourtant que, trois jours après sa mise au tombeau, après avoir tardé à le reconnaître, les mêmes le proclament vivant. Ils avaient bien quelque raison de ne pas en croire leurs yeux : a-t-on jamais vu un mort attesté revenir vivant sur notre terre ? Peut-être pensez-vous à Lazare. Non, pas vraiment : si Lazare est revenu du Royaume des morts une fois, il n’a fait que reprendre pour quelque temps le cours de sa vie terrestre.

Telle est donc la grande et incroyable nouvelle de la nuit et de ce jour : Jésus qui était mort est vivant, non pas ponctuellement, mais définitivement. Il a vaincu la mort. Il vit d’une autre vie, d’une vie éternelle, d’une vie sans limites, celle qui s’annonçait déjà dans la Transfiguration, celle dont bénéficiaient Adam et Ève avant la faute. Une vie nouvelle que nous avons peine à nous représenter. Elle ne va pas l’empêcher de retrouver ses disciples pourtant enfermés, de manger avec eux, de les entretenir du Royaume de Dieu. En outre, dans la foulée de la résurrection, il leur laisse son Esprit.

Et voilà en quoi sa résurrection nous concerne tous et chacun : nous partageons par le don de l’Esprit de Jésus cette vie qui est désormais la sienne. Je ne sais pas si nous mesurons bien la grâce qui nous est faite dans ce don : nous vivons déjà de la vie éternelle ! Comme je l’ai écrit un jour, « nous n’avons qu’une seule vie » (1). Oh ! je ne rêve pas, je suis comme chacun de vous : je vois bien que la vie terrestre, marquée par le péché, est encore très loin d’être la vie éternelle telle que le Paradis nous la préfigurait. Je vois les guerres, les souffrances, la maladie, la solitude… Mais la vie éternelle est pourtant là, prête à grandir et à nous donner son fruit. Elle est là avec toute sa joie et sa paix, en tous ceux qui qui accueillent la résurrection de Jésus et le don de son Esprit. Elle est là en nous et pour nous, afin que nous la partagions.

Frères et sœurs, alors que s’annonçait la vie terrestre de Jésus, nous chantions la gloire de Dieu. C’est avec plus de force encore que nous pouvons la chanter maintenant : « gloire à Dieu et paix sur terre, Alléluia ! »

Fr. Hervé Ponsot

(1) Le frère Hervé fait allusion à son ouvrage: Nous n’avons qu’une seule vie (Cerf, 2020).

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