L’Assomption de la Vierge Marie – Nicolas Poussin – (1650) – Musée du Louvre
Lc 11, 27-28
« Le Puissant fit pour moi des merveilles ; il élève les humbles ».
Homélie de Fr Arnaud Blunat:
Version phonique:
Version écrite:
Découvrir Marie pour mieux découvrir le Christ
Chaque année, L’Église célèbre l’élévation de Marie au ciel, appelée aussi Dormition dans les églises orientales. Sur Marie, la mort n’a aucune emprise. Tout son être est passé de cette terre vers le ciel, de ce monde à Dieu, sans passer par la destruction de son corps. Tout au long de sa vie, Marie a vécu en communion avec le Seigneur. Aussi on peut comprendre qu’arrivée au terme de sa vie, elle a été accueillie auprès de Dieu selon un mode unique qui néanmoins interpelle notre foi.
Ce mystère de l’Assomption a suivi tout un processus dans l’histoire de la foi de L’Église. Il est intéressant de voir que depuis des générations, les chrétiens n’ont cessé de célébrer les merveilles que Dieu a faites en Marie et par elle. Ces merveilles, Marie a été la première à les évoquer dans son cantique d’action de grâces, son Magnificat, que nous venons d’entendre une nouvelle fois. Déjà au 4ème siècle, les fidèles reconnaissent qu’elle est vraiment la Mère de Dieu, puisqu’elle a mis au monde le Verbe de Dieu, la Parole faite chair. Par le oui de Marie, Dieu a pu prendre notre condition humaine et se faire homme, comme nous le proclamons dans le Credo : « il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme ».
Pendant longtemps, les croyants ont pressenti un privilège unique, une place toute particulière accordée à Marie. L’ange Gabriel l’a saluée en l’appelant « pleine de grâce », révélant ainsi sa véritable condition. Élisabeth le confirme en reconnaissant celle qui a été choisie entre toutes les femmes pour être la mère du Sauveur. Saint Luc n’a pas employé ces mots par hasard. Il leur donne toute leur signification, au regard de ce que Jésus est pour l’humanité.
A l’époque contemporaine, l’Église Catholique a voulu aller au terme d’une longue tradition spirituelle en enseignant deux vérités de foi à propos de Marie. Au milieu du 19ème siècle, Pie IX proclame l’Immaculée Conception de Marie et un siècle plus tard, Pie XII reconnaît solennellement le mystère de l’Assomption comme un dogme de foi. Le monde sortait alors de cette terrible période marquée par deux conflits mondiaux, la décomposition de l’Europe, les ravages causés par le nazisme. Toutefois le rideau de fer était tombé sur une bonne partie de l’Europe et de nombreux pays vivaient sous des régimes d’oppression. Mais que pouvait bien changer la proclamation de ce dogme de l’Assomption ?
Aujourd’hui, nous pouvons voir les choses un peu différemment, non seulement au regard de l’histoire et de l’évolution de l’Église depuis plusieurs décennies. Pie XII n’a fait que consacrer une certitude que portait l’Église depuis fort longtemps. L’Église nous invite à nous tourner vers Marie pour mieux découvrir le Christ comme le Sauveur des hommes, qui est venu pour détruire définitivement la mort.
La figure de Marie interpelle fortement tout homme. Les évangiles nous la présentent par touches successives, mais dans des situations emblématiques. Marie dit un oui sans réserve à Dieu à l’Annonciation. Son cœur est rempli de joie et de louange à la Visitation. A Cana ainsi qu’au pied de la croix, elle intercède pour les hommes. A la Pentecôte, elle se tient au milieu des croyants. Enfin, elle est la première à nous précéder dans la Gloire du Royaume à la rencontre de Jésus.
Au fond, Marie est toujours là pour nous indiquer le chemin vers son Fils, chemin qu’elle a emprunté et gardé sans défaillance. Marie rappelle et témoigne que l’humanité est faite pour Dieu, pour trouver son accomplissement en Dieu et auprès de lui.
Face aux innombrables souffrances que vit notre monde, face au drame de l’exploitation de tant d’hommes et de femmes, face à la grande incertitude de l’avenir de notre planète, l’Assomption de Marie n’est pas une façon de nous consoler et d’espérer à moindres frais. Si Dieu a accueilli Marie auprès de lui, c’est pour nous donner un signe, comme la clé de tout le mystère de notre histoire humaine. Le mystère de Marie ouvre pour nous la véritable dimension de l’Espérance qui dévoile la réalité de notre destinée, par delà les menaces qui pèsent sur elle. L’Espérance chrétienne, en nous orientant vers l’avenir, nous donne la force d’assumer le présent, et l’énergie pour ne pas sacrifier notre humanité aux puissances de mort et de destruction. En Marie, tout était orienté vers l’accueil de la vie. Dans les moments de doute et de découragement, Marie nous aidera à renoncer au péché et à choisir la vie.
En ce jour, nous pouvons confier à Marie notre humanité souffrante, sur qui pèsent tant d’injustices. Vierge Marie, avec une confiance renouvelée, nous vous adressons nos prières pour notre monde dans l’épreuve, pour les hommes et les femmes qui se tournent vers vous, et pour tous ceux qui ont perdu tout repère humain. Continuez à accompagner l’Église et notre humanité jusqu’au moment où Dieu viendra nous rassembler dans la joie et la paix définitives. Amen.
Fr Arnaud Blunat op.