Autel de la chapelle des Dominicains – Samedi Saint
L’église demeure auprès du tombeau dans le silence.
Un jour l’Amour a été si loin
Un jour l’Amour a été si loin
qu’il s’est donné lui-même jusqu’à en mourir,
sang versé sur une poutre de bois ;
chaque jour l’Amour va si loin
qu’il se livre lui-même pour nourrir notre faim d’aimer
dans le pain partagé au cours d’un Repas.
Sacrement d’un Dieu incarné
qui n’est venu que pour servir et aimer ;
mémorial d’un Dieu qui s’est laissé dépouiller
pour ouvrir au fond de notre impasse
une brèche nouvelle mais si étroite
que seul l’homme pauvre peut y passer,
que seul l’amour décentré de lui-même peut y entrer.
Sacrement d’une mort unique
qui récapitule tout don de soi libérateur ;
mémorial d’un sacrifice unique
où meurt la mort d’un monde pécheur.
Sacrement de l’ultime triomphe de l’amour
où l’homme est sauvé en se donnant ;
mémorial de l’ultime triomphe de la vie
où l’homme devient immortel en aimant.
Michel HUBAUT ofm
En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis.
L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi même, et nous aussi. »
Mais l’autre, le reprenant, déclara : « Tu n’as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine ! Pour nous, c’est justice, nous payons nos actes ; mais lui n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi, lorsque tu viendras avec ton royaume. »
Et il lui dit : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis. »
Le mauvais larron, c’est mon frère. Comme la foule, il sait ce qu’a fait Jésus au long de sa vie publique. Il commence par une expression de foi, il lui rappelle son pouvoir de se sauver et de les sauver, et il lui demande de le faire. N’est-ce pas mon attitude face au mal ? Devant la souffrance, l’injustice, ne prions-nous pas spontanément le Seigneur tout-puissant de ne pas rester inactif, de faire un miracle ?
Jésus ne répond pas, mais le bon larron – cet autre frère – reprend l’injurieux : sa demande révèle un manque de crainte de Dieu. Nos actes nous conduisent à la mort, mais Jésus est innocent. Job avait compris que devant le malheur innocent, il faut se taire avec respect.
Il s’adresse ensuite à Jésus. C’est un frère du publicain de la parabole, mais il peut aller plus loin, car il a entendu le message de Jésus, il fait référence à son retour glorieux, avec espérance : maintenant je meurs, un jour tu reviendras avec ton royaume, alors souviens-toi de moi, fais-moi entrer dans ton royaume.
Voilà quelle doit être ma prière devant la souffrance, l’injustice.
Voilà quelle doit être ma prière devant la souffrance, l’injustice : pas une demande d’intervention, mais un appel confiant à celui qui a promis le royaume aux affligés. Sa demande n’appelait pas de réponse immédiate. Mais cette fois Jésus répond, par un aujourd’hui qui m’évoque les autres aujourd’hui de l’évangile : le salut aujourd’hui de Zachée, le pain quotidien aujourd’hui du Notre Père, la promesse finale d’être chaque jour avec nous.
Bruno SION sj
Lien vers l’homélie du vendredi Saint de Fr Rémy Bergeret: Roi et serviteur…