L’unique sauveur du monde.Mosaïque byzantine du Christ Jésus – Istanbul.
Mt 11, 2-11
» Es-tu celui qui doit venir,
ou devons-nous en attendre un autre ? «
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de fr Arnaud Blunat: L’unique sauveur du monde…
Version phonique:
Version écrite:
L’unique sauveur du monde.
« Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? «
Telle est la question que pose Jean Baptiste du fond de sa prison.
Jean avait toutes les raisons d’espérer et de se réjouir.
C’est lui qui avait baptisé Jésus, il avait vu l’Esprit reposer sur lui et avait attesté que c’est vraiment lui le Fils de Dieu, le Fils bien-aimé du Père.
Pourtant, le salut espéré se fait attendre. Jésus ne s’est pas révélé comme le Messie qu’on imaginait. Jean a été arrêté sur ordre du Roi Hérode, pour s’être permis de critiquer sa vie désordonnée.
Depuis sa prison, Jean Baptiste a entendu parler des œuvres de Jésus, ses miracles et ses guérisons. Mais il ne peut s’empêcher de s’inquiéter et de s’interroger. Si Jésus est bien le Messie, alors le monde ancien est appelé à disparaître. Les tyrans, les puissants de ce monde seront renversés. Ce que les prophètes ont jadis annoncé devrait enfin pouvoir se réaliser. Alors pourquoi le Salut tarde-t-il à venir ? Jésus n’est-il qu’un prophète semblable aux autres ?
La réponse que Jésus lui adresse par l’intermédiaire de ses compagnons ne dit rien de plus que ce que Jean Baptiste savait déjà : « les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle ».
Jésus confirme bien que ces guérisons et ces signes sont bien l’œuvre du Messie. Les miracles de Jésus sont les signes que le Royaume de Dieu est avancé, et qu’il est bien là.
Toutefois Jésus ajoute : « Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »
La venue de Jésus va en effet opérer un bouleversement, une transformation radicale.
Rappelons-nous ce que Siméon avait annoncé à Marie lors de la Présentation de Jésus au Temple : « voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction. Et toi, ton âme sera traversée d’un glaive ; ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre ».
Nous avons là une clé pour comprendre le message que Jésus a voulu adresser à Jean Baptiste.
La parole autant que les actions de Jésus invitent les hommes à poser un acte de foi au plus profond de leur conscience, à croire ou à ne pas croire. Les signes parlent d’eux-mêmes. Pourtant ils ne suffisent pas à convaincre tout homme que Jésus est le Fils de Dieu, le Sauveur du monde. Il faut avoir reçu cette lumière intérieure qui permet de se tourner vraiment vers lui pour devenir disciple. Sans la lumière de la foi, il n’est pas possible de pouvoir proclamer que Jésus est Seigneur.
Mais la foi nous invite à la patience et à la persévérance. Comme le dit Saint Jacques, il nous faut tenir fermes dans la foi, et croire que sa venue est proche.
Oui, mais cela répond-t-il suffisamment à l’interrogation posée par Jean Baptiste ?
Cette question ne pourrait-elle pas constituer un motif de chute ?
Comment ne pas à notre tour partager cette même inquiétude de Jean ?
Devant les événements du monde, il est si facile de succomber au découragement.
Mais on peut tout autant se résigner et préférer se boucher les yeux.
Voilà semble-t-il tout le sens de notre temps de l’Avent : avancer dans la vie, dans la patience, la constance et la persévérance.
Le 3ème dimanche ajoute une note supplémentaire : la joie. Cette joie, c’est celle qui déborde du cœur de Jésus : c’est la joie de voir que les pauvres sont les bénéficiaires de la Bonne Nouvelle. C’est aussi sa joie de rendre témoignage au plus grand des enfants des hommes.
La joie de proclamer qu’avec Jean Baptiste s’accomplit la prophétie d’Isaïe : « voici que j’envoie mon messager en avant de toi pour préparer le chemin devant toi ».
Oui, frères et sœurs, nous osons à notre tour affirmer notre joie, et participer à la joie même de Jésus. C’est le propre de la joie chrétienne de pouvoir s’exprimer alors même qu’on peut vivre dans l’épreuve, connaître la nuit du doute, traverser une période de deuil, supporter la souffrance de la maladie, le poids de la solitude, l’angoisse de la mort.
La joie que Jésus veut nous communiquer atteint les pauvres de cœur, les humbles, mais elle désarçonne les orgueilleux, elle agace les raisonneurs, elle remplit de fureur ceux qui veulent régner sur le monde.
Voilà pourquoi ce que nous vivons aujourd’hui encore en est la plus parfaite illustration.
Ne soyons pas étonnés de ce qui se passe sous nos yeux. Le monde poursuit sa course insensée et précipite sa ruine. L’illusion de croire que ce monde peut nous apporter un bonheur sans fin révèle toute sa vanité et sa vacuité.
Le spectacle des fêtes de fin d’année où les symboles les plus élémentaires de Noël sont supprimés sont l’expression du refus radical de dépendre de Dieu. Noël n’est plus la naissance de Dieu venu visiter notre terre et demeurer dans notre humanité. Le mot de Noël tend même à disparaître, tout autant que l’esprit d’entraide et de partage avec les pauvres.
C’est sans doute là qu’il nous faut rester attentif et vigilant. Car, au fond, il se pourrait bien que nous risquions de passer à côté en fermant la porte de notre cœur, en restant insensibles à tout ce qui nous entoure.
Il ne faudrait pas que cette joie que nous avons entrevue, au lieu de nous conduire vers la joie toute entière, soit cette occasion de chute dont parle Jésus.
Celui qui est venu il y a deux mille ans est bien l’unique sauveur du monde.
Et il n’y en pas d’autre à attendre.
Alors mettons tout notre cœur à préparer sa venue et laissons-nous conduire jusqu’à lui dans la joie et l’espérance.
Fr Arnaud Blunat op.
Lien avec la décoration florale du jour: Quittons notre prison…