L’Ascension, pont entre le ciel et la terre…, de Fr Arnaud Blunat.

 Ascension-du-Christ. Garofalo-1510-1520

Ascension-du-Christ. Garofalo-1510-1520

Mt 28, 16-20

 » Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. »

 

Homélie de Fr Arnaud Blunat:

Version phonique:

Version écrite:

L’Ascension, un pont entre le ciel et la terre.
             L’Ascension a inspiré les peintres de l’époque baroque. Peut-être avez-vous en mémoire ces tableaux où ces fresques l’on voit le Christ élevé dans les cieux, dans un puissant mouvement, souligné par les effets de drapés, la lumière perçant les nuées, tandis que les apôtres restent ébahis, déconcertés. Une belle évocation de cet irrésistible élan dans lequel nous sommes invités à nous laisser entrainer.
            L’événement que nous rapportent les Écritures est tout à fait singulier. Reconnaissons-le : les propos de Jésus ont de quoi nous laisser interrogatifs. Le voilà en effet qui laisse ses apôtres après les avoir envoyés en mission. Des anges annoncent qu’il reviendra mais on ne sait pas vraiment quand. Le Royaume dont il avait parlé n’est toujours pas advenu. Et pour finir, nous en savons bien peu sur la vie éternelle à laquelle il nous destine.
             On aurait pu imaginer que Jésus restât parmi nous jusqu’à la fin des temps. Cela aurait facilité sa reconnaissance par tous les hommes. Mais Jésus n’est pas un être hybride. Il a vécu parmi nous, prenant une humanité semblable à la nôtre. Il est cependant toujours présent parmi nous sous un mode différent. On aurait pu imaginer un monde terrestre éternel, mais l’avenir de l’humanité est dans la rencontre définitive avec Dieu, dans la communion avec celui qui est le commencement et la fin de toute chose.
             La tentation serait de tout savoir d’avance, de tout comprendre pour pouvoir ainsi faire le bon choix. En fait Jésus n’a fait qu’inaugurer les temps nouveaux par sa présence sur la terre, par son incarnation, par sa prédication. Sa mort et sa résurrection, et maintenant son ascension, témoignent de sa victoire sur la mort. Il est assurément le maitre de la vie, le Christ et le Seigneur.
             Mais tout cela demeure incompréhensible si nous n’avons pas le bon logiciel, le bon programme. C’est en effet par le baptême et par le don de l’Esprit Saint que nous sommes configurés, et donc que nous pouvons ainsi être sur ce chemin qui conduit jusqu’à Dieu.
             La question est bel et bien de savoir si nous voulons vivre en Dieu ou pas, si nous désirons avoir en héritage le bonheur qu’il nous propose ou pas. Mais pour cela, il nous faut l’écouter, nous mettre à sa suite, lui faire confiance. Toutefois cela ne se fera pas sans nous. Dieu compte bien associer chacun de nous pour accomplir l’œuvre de salut qu’il a voulu pour l’ensemble de l’humanité.
             Mais allons un peu plus loin. En partant, Jésus n’a laissé au fond qu’un seul commandement : celui de l’amour fraternel. C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que l’on reconnaitra que vous êtes mes disciples et que le monde croira. Pas d’autre moyen pour se préparer au Royaume qui vient que s’aimer les uns les autres. L’amour fraternel est le trait d’union entre le ciel et la terre, la matière dans laquelle Dieu façonne en nous l’homme nouveau.
Que se passera-t-il au ciel, dans la vie éternelle ? Rien d’autre que le déploiement de cet amour fraternel : l’amour du Christ qui se répandra dans tous les membres de son corps. Le Christ se révèle dans l’humanité rassemblée, dans l’Église dont il est la tête.
             Saint Paul l’a parfaitement compris, lorsqu’il parle de la puissance incroyable que Dieu déploie en nous, cette énergie, cette force, cette vigueur qu’il a mise en œuvre dans la résurrection du Christ. Paul qui par ailleurs nous invite à tendre vers les réalités d’en haut, non pas pour fuir celles de la terre, mais pour orienter toute notre existence humaine vers sa finalité véritable.
             Car nous sommes faits non pour rester définitivement sur la terre, dans une existence qui se prolongerait indéfiniment. Nous sommes faits pour le bonheur éternel auprès de Dieu. Il n’y a pas d’autre avenir qu’en Dieu.
Et en même temps, tout au long de ce chemin sur la terre, Jésus est là, avec nous. « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde »
             Une phrase capitale qui donne du sens à notre vie, qui nous sauve de la tentation de tout arrêter quand çà ne va plus, de débrancher quand nous le voudrons.
             C’est donc dans cette tension entre notre existence présente sur la terre et notre existence à venir dans l’éternité que se situe l’axe essentiel de notre vie.
             En quittant cette terre, Jésus nous assure de sa présence permanente, de l’assistance de son Esprit pour la mission qu’il nous confie. Il nous révèle ainsi la clef de notre histoire humaine. Tout ce qui vient de Dieu doit un jour être rassemblé en lui, par le Christ.
             L’Ascension de Jésus constitue donc le pont entre le ciel et la terre, là où se rejoignent le désir de Dieu et le désir de l’homme. C’est là que s’exprime toute l’espérance de l’humanité qui aspire à la libération définitive. C’est là que nous goûtons déjà quelque chose de cette joie que personne ne nous enlèvera.
Alors, mettons toute notre énergie à suivre le Christ, là où il nous envoie, jusqu’au jour où il nous appellera pour nous combler de sa présence.
Fr Arnaud Blunat OP.
Lien vers la liturgie florale