La Sainte Famille.
Icône byzantine de la Sainte Famille peinte sur bois.
MT 2, 13-15. 19-23
col 3, 12-21
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» Ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait.
Et que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ
à laquelle vous avez été appelés. »
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de fr Jorel François: Sainte(s) famille(s)…
Version Phonique:
Version écrite:
Sainte(s) famille(s)…
Jésus, Marie, Joseph : famille humaine, famille de Dieu; Sainte famille.
Toutes les familles sont des familles mais elles ne se composent pas toujours d’un père, d’une mère, d’un fils ou d’une fille; et elles ne sont pas non plus toutes la Sainte famille. Famille peut même se dire de façon analogique : familles monoparentales, familles recomposées, couple sans enfants; enfants aux « parent 1 et parent 2 », enfants avec des parents de substitution…
Toutes les familles sont des familles mais toutes ne sont pas nécessairement saintes. Toutes les femmes n’ont évidemment pas la chance d’avoir Joseph comme époux, tous les époux n’ont pas la chance d’avoir Marie pour épouse; tous les couples n’ont pas forcément un enfant, et combien moins un qui s’appelle Jésus ou qui serait Jésus. Tous les enfants n’ont pas nécessairement deux parents qui seraient Marie et Joseph…
Des enfants avec les parents qu’ils ont ou qu’ils n’ont pas…, des parents qu’ils n’ont pas choisis et qui s’efforcent de faire plus ou moins de leur mieux dans cette tâche si délicate, si fondamentale, si prenante, puisqu’il s’agit d’aider à naître à l’humanité, d’accompagner la croissance, d’accoucher à la société, d’intégrer à la famille humaine, famille de Dieu.
Sans tomber dans le désespoir, sans accabler nos familles et encore moins leur faire la morale, reconnaissons qu’à bien les regarder et à les comparer à la Sainte famille, nous pouvons les découvrir boiteuses, et même plutôt pécheresses et souvent malades.
Toutes nos familles sont malades, bancales ou boiteuses, et c’est normal parce qu’elles ne sont pas la Sainte famille.
Joseph : homme discret, silencieux, effacé mais travailleur, ingénieux, époux aimant, attentionné, respectueux…, père accompli…ouvert aux signes de Dieu, prompt à écouter la voix de Dieu à travers eux, quitte à ne pas toujours faire comme la Torah écrite aurait demandé de faire.
Marie : femme parfaite, épouse…discrète, obéissante, qui fait probablement, certainement la joie de son mari, mère attentionnée et charitable, qui tend la main aux pauvres, femme de douleurs et pourtant joyeuse, épanouie, prompte à faire la volonté de Dieu, ne fut-ce qu’en étant sensible aux besoins du prochain. On la devine à l’œuvre chez Élisabeth, sa parente, on voit avec quelle délicatesse et discrétion elle vole au secours des époux de Cana…
Il n’est pas certain que Jésus ait grandi dans un environnement délétère, dans une famille déséquilibrée, égocentrée, narcissique…, il n’aurait pas pu être tel qu’il s’est révélé aux yeux de ses compatriotes, à commencer par les gens de son village…
Il n’est pas montré à travers les écritures que Jésus était d’une psychologie troublée, d’un équilibre instable… Il obéissait à son père putatif et à sa mère comme à son Père du ciel, tout comme ses parents de la terre obéissaient à Dieu, et vivaient entre eux dans le dialogue et le respect mutuel.
Les enfants grandis dans nos familles, et nos familles elles-mêmes ne sont pas toujours d’un tel équilibre, d’une telle santé psychique…
Psychologie individuelle, psychologie sociale… inconscient individuel, inconscient collectif…avec, sans faire du déterminisme, toute l’osmose, toute les interpénétrations possibles…
Famille sainte, famille saine et donc non pathogène, non perturbante; famille qui ne donne pas de prise au péché.
Famille vieux-jeu, et donc ringarde même peut-être; mais famille plutôt stable, sans doute au prix de souffrances, celles auxquelles personne ne peut toujours échapper, souffrances auxquelles il faut prendre part simplement parce que l’on est vivant, et fait partie de la famille humaine. Famille, base de la société, famille qui a rendu la vie encore possible, la vie transmise jusqu’à nous…Famille qui nous conduit à l’Église avant même qu’officiellement l’Église ne nous enfante dans la grâce du baptême à la vie nouvelle…
Famille humaine…, famille de Dieu ne sont alors peut-être pas tout à fait équivalentes, identiques, interchangeables mais nos familles humaines peuvent toutes se rapprocher de la Sainte famille, de la famille de Dieu, si en elles on écoute Dieu, si en elles, Jésus, Marie et Joseph sont pris pour modèles… Dieu ne fait acception de personne. La grâce est donnée à tous, il suffit de s’ouvrir à elle, de l’accepter… et dans nos vies elle peut faire des merveilles…
À toutes nos familles, bonne fête de la Sainte Famille.
fr. Jorel François op.
Lien vers la décoration florale du jour : Une famille dans la nuit…