Toussaint – Liturgie florale.
Gloire de Dieu, splendeur des Saints.
Mt 5,1-12a
« Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse,
car votre récompense est grande dans les cieux ! »
Enregistrement et texte de la prédication.:
Fête de Tous les Saints
Hier soir, comme on pouvait s’y attendre, certains de nos quartiers ont été investis par de curieux manifestants. Ce n’était ni des policiers en colère, ni des agriculteurs découragés, encore moins des infirmières déprimées, mais des sorcières grimaçantes, des monstres grotesques à tête de citrouille, vampires sanguinolents, et autres masques repoussants. Halloween, un joyeux divertissement qui rappelle nos carnavals traditionnels. La mort fascine, la mort fait peur, la mort interroge. La mort, les morts, ce monde qui est si proche et pourtant qu’on voudrait pouvoir ignorer. La foi chrétienne ne l’élude pas puisque la mort est indissociable de notre vie et de notre histoire humaine.
Dans le contexte d’Halloween, le rapport à la mort pourrait se résumer en trois aspects :
1) Halloween ne serait qu’un simple divertissement, une occasion supplémentaire de faire la fête, de se retrouver avec ses amis, faire un concours de photos sur facebook ou instagram.
2) Se déguiser en sorcière ou en cadavre pourrait être une manière d’exorciser sa peur de la mort, de se moquer de celle qui trop souvent nous rejoint lorsque nous perdons un proche ou lorsque la réalité des attentats et des guerres, ou tout simplement la dureté de l’existence nous accable.
3) Mais la mort peut aussi exercer chez certains une véritable fascination qui peut devenir un culte, une idolâtrie qui se substitue à la croyance en Dieu, expression d’un mal-être profond et d’une révolte contre Dieu, contre l’humanité, et finalement une négation pure et simple de soi-même.
J’ai tendance à penser que la plupart de nos contemporains se situent davantage dans le premier voire le deuxième aspect que je viens de présenter. Mais cette théâtralisation de la mort n’est-elle pas le reflet d’un certain regard sur notre vie et sur notre monde ? Plus nous avançons plus nous convenons de la vanité de ce monde. Tant d’injustices conduisent les hommes à douter d’un avenir pour tous, tant d’inégalités maintiennent bon nombre dans une forme de désillusion, de vie en sursis, face à un vide abyssal, qu’aucune réflexion, aucun idéal ne pourra combler.
C’est pour cela que l’Eglise a bien compris l’utilité et la pertinence d’une fête de tous les Saints, afin de contrebalancer l’ambiguïté de cette fête mortifère d’origine celtique. La mort ne peut être ignorée mais elle est pour nous un passage vers le Royaume, la porte pour accéder à la vérité toute entière, à la pleine manifestation dont nous parle Saint Jean, lorsque nous serons semblables à Dieu, parce que nous le verrons tel qu’il est, face à face ; nous demeurerons alors dans son amour éternellement. Dans l’attente d’un jugement final qui viendra parachever la création, nous commencerons à vivre ce bonheur que partagent les saints, nos frères et sœurs, libérés du péché, libres pour aimer sans entrave.
La fête de la Toussaint nous fait passer d’une logique de mort à une logique de vie. Elle renverse cette tendance à la mort pour nous orienter résolument dans une dynamique d’espérance.
1) Fêter les saints nous rappelle que dans notre vie de tous les jours, il y a tout un ensemble de moments qui nous font du bien et dont nous avons besoin : les fêtes en famille, entre amis, anniversaires, célébrations, mais aussi les sorties, les visites, les vacances qui nous permettent de nous détendre et de nous retrouver ensemble… les saints eux-mêmes ont eu une vie humaine souvent riche en relations, faite de joies simples, de gestes de partage et d’attention pour tous. Ils ont favorisé l’amitié et la paix entre les hommes.
2) Fêter les saints, c’est se tourner vers ces témoins de l’amour de Dieu, en toutes circonstances, et particulièrement dans les épreuves, les contradictions, les persécutions. Le discours de Jésus sur les Béatitudes nous renvoie à la diversité des saints et des bienheureux. Rien de ce que nous vivons qui n’ait été vécu par l’un d’eux. Nous pouvons dès lors nous inspirer des saints, mais aussi leur demander aide et protection. Prions-les en toute confiance.
3) Fêter les saints, c’est suivre le même chemin qui conduit vers le Christ, à la rencontre du Père, dans la joie de l’Esprit qui rassemble tous les vivants, en une liturgie céleste de louange et d’adoration. Les saints nous apprennent à trouver notre vrai bonheur dans la connaissance et l’amour du Dieu vivant et trois fois saint. Mais tout cela ne peut se faire qu’à travers un chemin de purification, une expérience concrète de la miséricorde, une acceptation libre de se laisser aimer. Combien il faut à chacun d’entre nous pour entendre cette invitation à sortir des sentiers de mort ! Combien il nous faut de force et d’humilité pour se détourner des illusions du monde et choisir enfin la vie !
Car sortir de la mort, c’est aller vers la vie ! Voilà pourquoi il n’y a pas lieu de déprimer, de se décourager, d’être pessimiste. Dieu n’a pas créé ce monde pour qu’il se perde, il n’a pas créé l’homme pour qu’il meure, mais bien pour qu’il vive et soit sauvé. Alors regardons du côté des saints, du côté de la vie, et que rien ne nous trouble, comme disait Sainte Thérèse : Dieu seul suffit !
Fr Arnaud BLUNat op.
Prière universelle
1) Le Pape François s’est rendu en Suède à l’occasion du 500° anniversaire de la Réforme protestante. Pour que les relations entre les Eglises chrétiennes continuent à progresser sur le chemin de la pleine réconciliation, Seigneur nous te prions.
2) Un nouveau séisme a secoué le centre de l’Italie. A travers le monde, bien des régions souffrent des conséquences de ces évolutions terrestres et des perturbations climatiques. Pour toutes les victimes de ces évènements, Seigneur nous te prions.
3) Notre société est traversée par divers courants de contestation, divers milieux professionnels sont exposés à des problèmes récurrents, insécurité, précarité, conséquences d’un libéralisme excessif. Pour les personnes et les familles qui sont directement atteintes, Seigneur nous te prions.
4) Notre monde est fortement touché par les mouvements migratoires. Certaines régions sont déstabilisées par l’arrivée de nombreuses personnes sur leur territoire. D’autres n’envisagent pas de prendre en charge cet accueil. Pour que des solutions politiques justes soient prises, afin que cessent les conflits et que ceux qui souffrent ne soient pas oubliés, Seigneur nous te prions.