La lumière de la foi

27 octobre 2024 – 30e dimanche du T.O., année B
Jr 31,7-9 ; Ps 125 (126) ; He 5,1-6 ; Mc 10,46b-52
Homélie du frère Silvère Ametonou



Chers frères et sœurs,

La prophétie de Jérémie annonçant le retour de l’exil a eu lieu avec l’édit de Cyrus en 537/538 av. J.-C. Israël est revenu sur sa terre en provenance de toutes les nations où il était dispersé. Toutefois, c’est en Jésus Christ, Fils de Dieu, fils de David, Grand Prêtre des temps nouveaux, que l’on trouve la réalisation vraie, authentique, plénière et parfaite de cette prophétie. C’est lui, Jésus, qui rassemble de toutes les nations, un nouveau peuple pour le Seigneur. Peuple qu’il a acquis par les mérites de son sang versé et de sa glorieuse résurrection.

Par son ministère public, il inaugure le règne de Dieu en accomplissant les signes du royaume annoncés par les prophètes. Il annonce la Bonne Nouvelle aux pauvres et aux cœurs brisés, chasse les démons, purifie les lépreux, ouvre les yeux des aveugles, ressuscite les morts. Même si certains refusent de voir en lui le Messie de Dieu, d’autres le reconnaissent ainsi et ont foi en lui comme le Prophète des temps eschatologiques qui réalise et accomplit toutes les prophéties. Bartimée, dont nous venons d’écouter le récit de guérison, fait partie de ceux qui voient en Jésus le « Fils de David ». Bien que ses yeux physiques soient fermés à la lumière du jour, le privant ainsi de contempler les œuvres du Messie, les yeux de son cœur sont grandement ouverts sur celui qui est la source de la lumière, et par qui nous voyons la lumière.

Dans l’Évangile de ce dimanche, nous sommes invités à regarder la foi et l’espérance qui animent Bartimée. Il reconnait en Jésus le Roi-Messie promis par les prophètes. Il reconnait en lui celui qui apporte le salut à son peuple en secourant les malades, les affligés, les captifs, les pauvres et tous ceux qui attendent de Dieu leur délivrance. Bartimée eut foi en Jésus comme son seul espoir, son seul libérateur. Il a construit sur sa personne toute son espérance. Ceci se remarque bien dans l’attitude de l’aveugle de Jéricho. Il a crié vers Jésus de tout son cœur et de toutes ses forces avec insistance comme la seule personne qui peut lui rendre la vue. La foi et l’espérance qui animent Bartimée font qu’il a affronté et vaincu toutes les difficultés et obstacles qui pouvaient l’empêcher de rencontrer celui qui, seul, peut le guérir.

D’abord, il ne s’est pas laissé intimider par la foule. On imagine bien la scène. Qu’est-ce qu’un pauvre aveugle mendiant a à faire ici ? Comment est-ce qu’un pauvre aveugle mendiant peut vouloir perturber l’escorte de Jésus ? Comment est-ce que dans une telle foule dense, le cri d’un pauvre type comme Bartimée pouvait atteindre Jésus ? On le fait taire. Mais lui criait de plus belle : « Fils de David, aie pitié de moi ! ». Rien ne pouvait l’arrêter. C’est une occasion unique pour qu’il se relève, pour qu’il fasse lui-même, d’une manière plus intense, son expérience avec le Messie.

Frères et sœurs, nous aussi, dans notre bonne volonté de vivre une plus grande proximité avec le Seigneur, de bien vivre notre vie de foi, de bien accomplir notre mission…, nous pouvons rencontrer des personnes qui pourraient nous décourager, qui pourraient nous faire croire que nous sommes dans l’illusion. Mais c’est à nous-même de savoir ce que nous voulons, ce que nous cherchons. Dans son mouvement de foi vers Jésus, Bartimée n’a pas freiné, il n’a pas fait marche arrière parce que bousculé par la foule.

Par ailleurs, il a jeté son manteau qui le retenait ou ralentissait son mouvement vers le seul Sauveur. Bien-aimés du Seigneur, vous imaginez ce qu’un manteau peut représenter pour un aveugle mendiant ! C’est sa couverture ; c’est-à-dire sa sécurité. Ce qui le protège contre les intempéries climatiques. C’est aussi sa caisse ; ou si vous le voulez, son compte en banque. C’est là qu’il cache ses avoirs. Quand il a écouté l’appel de Jésus, qui s’est arrêté pour lui, il a jeté son manteau, bondit et courut vers lui. Parce qu’il a rencontré le tout de sa vie, celui qui est sa vie, son mouvement et son être, il s’est dépouillé de tout ce qui faisait son rempart, ce qui garantissait sa vie et sa survie. Plus rien ne compte pour lui, sinon celui qui peut le sauver.

En fait, la rencontre vraie et authentique avec le Christ bouleverse notre vie et nous fait poser un autre regard sur les choses que nous considérons comme nos sécurités. Car la rencontre avec le Christ a toujours une dimension sotériologique. Nos sécurités peuvent être matérielles mais aussi spirituelles : le sentiment de suffisance et d’autosuffisance, une confiance trop grande à son intelligence, la fermeture aux autres pour se protéger etc.

Bien-aimés du Seigneur, chacun de nous peut d’une manière ou d’une autre se retrouver en Bartimée et faire son chemin de foi. Chacun de nous a en lui des zones qui sont fermées à la lumière du Christ. Ou bien, nous-mêmes et nos proches vivons des situations difficiles qui nous font crier vers Jésus : Fils de David ! Aie pitié de moi, aie pitié de nous !

Nous pouvons apprendre aujourd’hui de Bartimée que la foi et l’espérance sont essentielles pour la vie chrétienne. Elles sont incontournables dans la construction de notre relation d’amitié avec le Christ. La vie d’amitié avec le Christ nous fait tout obtenir de lui. Dans cette intimité, c’est l’Esprit même qui nous fait demander ce qui est nécessaire pour notre vie. « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez et cela vous arrivera » (Jn 15,7). C’est l’expérience de Bartimée. Cependant, pour arriver à cette vie d’amitié qui nous fait tout obtenir du Christ, nous devons braver les résistances de ce monde et celles qui sont en nous-mêmes et nous empêchent d’aller vers Jésus.

Puisse l’Eucharistie de ce jour nous en obtenir la grâce. Amen.

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