24 octobre 2021
30è dimanche du Temps Ordinaire, année B
Jr 31,7-9 ; Ps 125 (126) ; He 5,1-6 ; Mc 10,46b-52
Homélie du frère Damien Duprat

Voir ou ne pas voir, telle est la question ! Et la plus grande cécité n’est pas là où l’on pense !
Bartimée n’avait jamais vu Jésus. Il ne le pouvait pas : une infirmité corporelle l’en empêchait. Pourtant il le connaissait. Peut-être avait-il déjà entendu cet homme parler dans un langage nouveau au sujet du Royaume des Cieux. Sans doute avait-il aussi entendu que cet homme, né dans le clan de David, avait accompli des miracles, des guérisons. Il avait probablement appris qu’environ un millénaire plus tôt, le prophète Samuel avait transmis au roi David une promesse venue du Seigneur : « je te susciterai dans ta descendance un successeur, qui naîtra de toi, […] et je rendrai stable pour toujours son trône royal » (2 S 7,12-13). Dans sa nuit, Bartimée ne suivait pas Jésus sur la route, mais par la lumière de sa foi, il reconnaissait déjà, dans ce descendant de David, le Messie annoncé.
Et voilà que ce Jésus passe là, sur le chemin, tout près de lui ! C’est la chance de sa vie ! Jésus a dit qu’il était venu non pas pour être servi mais pour servir ; c’était l’Évangile de dimanche dernier. Il a déjà montré maintes fois avec puissance sa sollicitude pour l’humanité. Des boiteux marchent, des sourds entendent ! Pourquoi ne pas lancer vers lui un appel rempli de foi pour lui offrir une nouvelle occasion de mettre en œuvre sa prodigieuse bonté ?
Mais pour crier ainsi, Bartimée doit affronter une certaine adversité. On veut le faire taire ! Une foule a décidé de marcher sur la route avec Jésus : est-il légitime de contrarier tous ces gens au bénéfice d’une seule personne assise sur le bas-côté ? Pensez donc : c’est le fils de David, laissez-le tranquille, ne risquez pas de le mettre en retard ! C’est pourquoi on veut empêcher Bartimée de rencontrer Jésus.
Et voilà que Jésus lui-même s’arrête ! Il désavoue ces gens si bien intentionnés à son égard ! Il nous montre ici qu’il trouve sa joie à contempler dans nos cœurs le feu de la foi ! C’est la foi qui nous sauve, et puisque Jésus nous aime il veut que nous soyons sauvés : c’est précisément pour allumer en nous ce feu de la foi qu’il est venu ! « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé », dira-t-il un jour (Jn 6,29). Le récit de la création dans la Genèse nous dit que le Seigneur se réjouit de contempler l’œuvre de ses mains, car cette œuvre est bonne et même très bonne ; de la même manière, Jésus est très heureux de constater que ses paroles et ses actes ont déjà fait de Bartimée un croyant qui implore son secours.
Quelle leçon pour ceux qui rabrouaient ce mendiant importun ! Ce jour-là, s’ils ont su ouvrir les yeux de leur cœur, ils sont devenus un peu plus clairvoyants au sujet de Jésus : ils ont dû constater que le fils de David ne saurait faire la sourde oreille quand nous lui adressons nos prières avec foi.
Soyons-en convaincus : au fond, c’est lui-même, Jésus, le premier, qui nous invite à croire en lui. Comme des aveugles au bord du chemin, nous ne le voyons pas encore. Mais si nous répondons par la foi aux appels qu’il nous adresse, viendra un jour où nous le verrons éternellement.
Grand merci pour cette homélie qui nous prépare à la fête de la Toussaint